Vincent et son Hog's Back

J’ai débuté 2020 en me disant (et à tous mes collègues) que je ne m’achèterais pas un Hog’s Back cet été, parce que j’achetais déjà un hardtail. Ça fait que… voici l’histoire du Hog’s Back que je me suis acheté cet été.

Le montage a pris son lot de temps à faire, principalement à cause des nombreuses ruptures de stock, mais aussi à cause de mon indécision. Mon bon ami/collègue/boss Roberto et moi avons passé teeeeellement de temps à jaser et jouer au ping-pong avec nos idées de ce que seraient/pourraient être nos Hog’s Back respectifs. Le mien est passé par beaucoup d’itérations, allant du dirt drop au pédalier triple. Tout ça pour finalement m’arrêter sur ce que je considère une configuration vélo de montagne-ish-hors-route-rough-stuff. Ce n’est pas ce que j’appellerais un «beau» vélo; «pas beau» dans le sens où je n’ai pas choisi des pièces uniquement basées sur l’esthétisme ou à quel point elles s’agenceraient bien ensemble – excepté la gaine fleurie, ça c’est juste trop beau. Mes choix de pièces se sont vraiment faits basé sur la simplicité, la durabilité et la facilité à remplacer celles-ci.

Le cockpit tout-en-acier de Sim Works est juste parfait. Le guidon Fun 3 est super confortable, en plus de ne pas être gênant sur des terrains techniques-ish de VTT (il a aussi un look d’enfer). Pour le jeu de direction, White Industries étaient le choix facile : un prix plus que raisonnable, un remplacement de roulement à bille facile et accessible, et évidemment une qualité exceptionnelle. Le set de roues est d’une simplicité: des rayons droits DT Swiss Champion lacés à la main en 3-croisées sur des jantes Velocity Blunt SS à 32 trous, le DT Swiss 350 comme moyeu arrière, et le nouveau moyeu avant Kasai Field-Serviceable Dynamo (plus besoin de poster ma roue complète autour du monde si quoi que ce soit arrive au moyeu!). Tout ça donne un assemblage de roue très robuste tout en restant assez léger. Ça va peut-être en choquer quelques-uns, mais j’aime vraiment le corps de cassette silencieux du DT Swiss 350. Je peux tranquillement écouter ce qui se passe autour de moi en roulant sans avoir une abeille géante qui me suit. J’ai choisi un pneu Sim Works Super Yummy 650B x 2,22" pour l’arrière, parfait pour tout genre de terrain d’ailleurs, mais j’ai plutôt opté pour un pneu Maxxis Ikon 650B x 2,35" plus gros et plus texturé pour l’avant, parce que pourquoi pas. Les deux sont avec chambre à air.

Malgré que ça m’ait pris pas mal de temps avant d’être en paix avec leur prix coûteux, j’y suis allé avec les étriers de frein Paul Klampers. Ce n’est peut-être pas les plus puissant sur le marché, mais en termes de durabilité et de facilité d’entretien, rien ne peut s’y rapprocher. Même pas un peu.

J’ai aussi toujours une tendance à fouiller loin dans les catalogues de nos fournisseurs pour trouver des pièces moins connues, que personne n’utilise vraiment, mais souvent tellement intéressantes. C’est comme ça que j’en suis venu à trouver ces fous leviers de frein de IRD. Ils s’utilisent autant en long pull qu’en short pull, les leviers sont juste assez longs, ils sont durables, et ils ont un pas pire look.

Bon, c’est ici avec la transmission que ça commence à être un peu weird. Je me suis décidé pour une configuration 1x, mais les groupes facilement disponibles pour ce genre de transmission ne me convenaient juste pas. Ok, je suis peut-être un peu un "retro-grouch", mais rien ne battra jamais une transmission à friction. Un levier à friction s’en fout de ta patte de dérailleur croche, ou de ton câble de vitesse rouillé, ou du nombre de pignons que tu as, ou même du dérailleur auquel il est rattaché. Ça va quand même toujours tirer le câble et faire bouger le dérailleur de haut en bas de la cassette. Par contre, monter une transmission wide-range-one-by à friction s’est montré pas mal plus compliqué que prévu. À commencer par le levier. Il n’y a plus beaucoup de leviers à friction de bonne qualité sur le marché par les temps qui courent, et celui que je voulais (thumbie XO de Rivendell) était en rupture de stock depuis toujours. Je me suis donc tourné vers un NOS Suntour LD-2800, principalement parce que j’ai lu quelque part que c’était le levier duquel Rivendell c’est inspiré pour leur XO (aussi, les vieux Suntour sont encore dans les meilleurs leviers de vitesse). J’ai jumelé le levier à un dérailleur Microshift Advent 9-vitesse, vu que je voulais essayer de quoi de différent. Même si les spécifications le limitent à un pignon 42d max, il gère aisément le pignon 46d sur la cassette Sunrace 10-vitesses. Le seul inconvénient est que ce dérailleur a son propre et unique ratio de tirage, ce qui veut dire qu’il ne peut pas fonctionner avec un levier à friction à tirage standard. D’ailleurs, le Suntour LD-2800 est habituellement un levier pour 6-vitesses. Donc, pour faire en sorte que ce dérailleur fonctionne avec ce levier, j’ai dû couper la partie qui normalement empêche le levier de voyager plus loin. Mais même après tout ça, je pouvais seulement me rendre au 9e pignon. J’ai finalement ajouté le machin Wolftooth Tanpan, ce qui augmente la quantité de câble tirée par le levier, et ainsi monter jusqu’au 10e pignon. Yay victoire!

On arrive maintenant au casse-tête du pédalier. Je préfère de loin les jeux de pédalier à axe carré par rapport aux roulements externes pour leur durabilité (j’ai choisi le IRD Tenacity à roulement à bille ouvert). Malheureusement, les pédaliers à axe carré de bonne qualité et de bonne allure se font assez rares, voire inexistants pour les transmissions spécifiques one-by. Alors, trouver un vieux pédalier de route d’un commun 110BCD semblait être la solution logique. Ils sont fiables, facilement remplaçables, et ils ont pas mal d’allure avec un plateau de pédalier 36d narrow-wide de Blackspire. J’ai trouvé ce pédalier Sakae dans un bac de vieilles pièces au sous-sol de notre boutique.

Finalement, le tout donne une transmission un peu bancale, complètement dépareillé, qui ne serait pas supposée fonctionner, mais qui fonctionne(!). J’aime beaucoup «tricher» avec des transmissions. C’est l’fun et ça me fait sentir comme si je gagnais un peu contre l’obsolescence programmée.

Le reste du vélo s’est complété assez aléatoirement: des pédales DMR, que j’ai utilisé sur tellement de mes vélos, les poignées ont un cool nom (shoutout aux fans de Death Grips), la gaine fleurie (définitivement de moins bonne qualité) vient d’un site français obscur sur lequel Julian est tombé au bon moment, une bonne vieille Brooks C17 comme selle (trop paresseux pour prendre soin d’une selle en cuir), et une tige de selle Sim Works pour s’agencer avec le cockpit. Si vous n’avez pas remarqué, ce vélo est complètement monté sans Shimano, SRAM et Campa (à l’exception des attaches-rapide Campa que j’ai installé pour le lolz, si vous me connaissez vous savez). Même si ce n’était pas le but au départ, je suis quand même fier de ça. Toutes ces compagnies font de très bons produits, mais je trouve qu’il peut être trop facile de compter sur eux et de ne pas chercher d’autres possibilités ailleurs.

Je suis sérieusement en amour avec ce vélo. C’est autant un excellent vélo de sentier que pour les déplacements quotidiens. Le montage me satisfait parfaitement, mais, si je veux, je peux définitivement le voir passer par plusieurs modifications à l'avenir. Julian a fait un travail de design épatant sur ce cadre, le faisant ainsi très ludique, à-tout-faire et s’adaptant à quoi que ce soit. Un vélo qui peut vous amener n’importe où. Je n’ai toujours pas eu la chance de le rouler en voyage de bike packing, mais je planifie le faire à Terre-Neuve l’été prochain!

Photos par notre K0DaK kId @jochhoo

Écrivez le premier commentaire...
Laisser un commentaire