Bloomfield Fixe

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Étant jeune homme vers la fin de la décennie 2000, c'était difficile d'ignorer le très attrayant concept du fixie, et c'était aussi assez évident que la plupart n'étaient vraiment pas de beaux vélos, et j'inclus le mien de l'époque. L'exception marquante était le bolide jaune qui forçait l'innocent citadin à le remarquer quand il passait en flèche avec son guidon de piste: la première génération du Roma-Tokyo. Quelles belles lignes simples et quelle fluidité de mouvement!

Hélas, quand j'ai pu me permettre un cadre tout neuf, le Roma-Tokyo n'était plus, tous les exemplaires étant écoulés. C'est Justine qui a eu un des derniers. Depuis, j'ai sans cesse brassé la cage pour que revienne le Roma, et mon vœu fut exaucé cette année, même si le nouveau cadre porte un nom différent, pour marquer qu'il est plus pratique, flexible et utile que l'ancienne machine très mince, très agile mais trop fine: c'est le Bloomfield, qui partage le nom d'une rue d'Outremont.

Vous êtes peut-être déjà au courant que le Bloomfield peut prendre deux tailles de roues, dont la nouvelle toute à la mode, 650B, qui permet d'utiliser un pneu ballon dans le même cadre qu'un pneu plus fin de la plus grande, vieille, poussiéreuse taille 700C. J'ai été chanceux, avec mon PBH de 86cm, d'avoir toujours pu utiliser des tailles de vélos pour lesquelles une roue 700C était raisonnable, puisque pendant longtemps c'est la seule taille de roue que semblaient daigner utiliser les fabricants de cadres, et c'est superbe qu'on puisse maintenant trouver des cadres avec roues 650B et 26po pour les gens moins grands que moi. Ces tailles ne sont pas nécessaires dans toutes les situations, par contre, et au final je préfère des roues plus grandes, avec un pneu de taille moyenne, ici 32mm. Ils roulent bien, ont quand même tout plein de volume pour aller sur les rues et les sentiers en terre ou en poussière de roche, ont moins de masse en rotation qu'un pneu plus gros, et ont une meilleure forme de surface de contact avec le sol. Déjà un pneu de 32mm dans un cadre de piste c'est incroyable, et si je voulais des garde-boues je pourrais en installer en utilisant un pneu d'une taille plus mince. L'gros luxe!

Les pièces sur ce Bloomfield

  • Les jantes presque trop cheap Alexrims sur des moyeux super doux Bassi Classique Piste, avec 32 rayons pour ce beau laçage symétrique.
  • Pédalier Bassi Classique Piste pour être assorti au reste.
  • Pneus Gatorskin 700x32C, pas mal exactement la taille maximum qui fait dans le cadre.
  • Pignon de piste All-City 17-dents. J'aimais l'effet découpé, mais je doute que les grammes qu'on sauve vaillent de quoi.
  • Mon vieux pignon de 13 dents est de l'autre côté par nostalgie, je ne crois plus être assez jeune pour grimper avec.
  • Une chaîne de piste Izumi, parce que j'en ai toujours voulu une.
  • La selle est ma première Brooks, achetée il y a huit ans et avec maintenant beaucoup, beaucoup d'heures sous mes foufounes, autant en cyclotourisme qu'en ville, sous la pluie comme au soleil. Bien rodée mais encore avec une forme parfaite. Le malheur c'est que je ne peux pas vous suggérer ce modèle de B17 étroit et découpé, ils ne le font plus.

  • Un guidon Nitto Noodle 42cm et une potence Nitto Technomic 9cm, je n'ai toujours pas trouvé plus confortable ni plus beau que les courbes et formes recherchées que font Nitto.
  • La guidoline en coton Newbaums, finie avec de la gomme-laque (ou caca de bibites comme dirait notre ancienne mécano Karo), que j'aime pour sa bonne adhérence et son aspect plus mince. Vous pouvez voir la couleur originale sur le petit morceau que j'ai fixé à la tige de selle. La gomme-laque fait plus ou moins foncer la couleur selon le grade qu'on met. Ici c'était du super-blond.
  • Le levier de frein est un interrupteur que j'avais dans ma boîte de pièces, ayant passé au travers du pivot du levier de gauche. Celui-ci est donc le levier de droite que j'ai installé à l'envers, après avoir démonté, enlevé l'anodisation noire, et poli la pièce. C'est un montage avec les pièces argent, après tout.
  • La gaine est la même que sur mon Appaloosa, il m'en restait un petit bout.
  • Le frein Mafac "Racer" est un petit miracle que j'ai pu trouver dans le garage à vélos de l'ami d'un ami, et j'ai dû mettre mon pied à terre pour le payer. C'est très pratique avoir des amis cyclistes! Je l'ai aussi démonté pour le nettoyer et le polir un peu (pas commode sur des freins à disques celle-là, hein les amis), et je l'ai modifié un peu pour pouvoir le mettre à la fourche du Bloomfield.
  • Pour finir, probablement ma pièce préférée sur cette bicyclette: les pédales Dura-Ace SPD de 1994. C'était une trouvaille dans les vidanges qu'avait fait un collègue, mais il a fini par détester comment elles pendent toujours au même angle, mais à l'envers. C'est vrai que ça prend un peu de pratique, mais maintenant c'est un mouvement du pied automatique pour les renverser et s'y fixer. Elles ont été utilisées pendant des années sur je-sais-pas combien de kilomètres, grafignées partout, jamais entretenues de ce que je peux y voir, et elles vont encore à merveille. Et en plus, c'est les mêmes qu'utilise le grand Graeme Obree!

Je finirai peut-être par profiter des œillets de fourche pour installer un petit porte-bagages avant, mais pour l'instant j'aime avoir une bicyclette minimaliste, ça fait changement de mes autres montures, et je peux toujours pendre mon Carradice sur les œillets derrière la selle.

Les mots et les photos par bibi

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